
Nous nous sommes donc inscrit en équipage à "l'américaine", chacun sur sa moto, moi sur ma Kawa ER6 et Dom sur sa Honda VTR 1000, avec un objectif très raisonnable et sans pression. Dom voulait accrocher un bon résultat au scratch et au classement Twin de la finale B, car le niveau de la finale A s'annonçait trop élévé pour nous et nos machines.
Je ne partais pas la fleur au fusil, même si Carole est mon circuit d'entraînement, car j'étais le seul pilote du plateau à rouler sur un petit Twin et je n'étais pas sûr non plus de pouvoir tenir physiquement sur des relais d'une heure, comme me le demandait Dominique.
Dominique et Nadine, notre team manager, avaient tout organisé parfaitement, de l'intendance à l'équipe qui allait s'occuper de nous. Tous le monde était très motivé et donnait le maximum pour que nous puissions faire de notre mieux. C'était à la fois motivant, confortable et amical et j'appréciais au plus haut point ces conditions de courses nouvelles, moi qui est l'habitude d'être seul pour mes weekends de course.
Le choix des Pneus étant libre pour cette course, j'ai donc décidé de me faire plaisir et de revenir au Pirelli Dragon Supercorsa* (*voir les CR Twin Cup)
Dès les premiers tours de piste, le vendredi matin en essais libre, le feeling est vite revenu et j'étais déjà sur d'assez bon chronos. Ce weekend s'annonçait vraiment bien.
Malheureusement, lors de la dernière séance libre de la journée, mon pied à glissé du cale-pied à la sortie d'Alpha, juste en pleine réaccel et là gros high-side, avec un joli tonneau de la moto. Les dégâts sur la moto n'étaient pas trop graves mais certaines pièces me manquaient.
Robert Doron, qui par chance se trouvait là, régla le problème des pièces manquantes, comme d'hab Robert m'a sauvé la mise.
Restait donc juste un petit problème à checker : ma jambe. En effet en retirant la botte et la combi, on pouvait voir que ma jambe avait triplé de volume et se couvrait d'une jolie couleur violette. Dans notre team, on avait la chance d'avoir Lolo, secouriste de formation, qui allait s'occuper de ma jambe et me permettre de reprendre la piste le lendemain dans de bonne condition. La jambe était impressionnante mais je n'avait pas de douleurs, donc pas de gêne.
J'avoue avoir eu très peur de ruiner la course et le weekend de Dominique et de son équipe, eux qui avaient fait beaucoup d'efforts pour tout préparer et soudain juste sur une petite erreur dès le vendredi tout pouvait s'arrêter net. C'est un sentiment nouveau que je ne connaissait pas dans mes autres courses de vitesse, ici il s'agit avant tout d'une course d'équipe.
Pour la première séance qualif du samedi, je roule calme, histoire de vérifier que tout va bien, pour la moto et pour moi. Je fais un chrono très moyen (1'14"), mais le chrono n'était pas l'objectif, on a la deuxième séance pour se qualifier mieux.
Dans la deuxième séance on fera un petit peu mieux(1'13"), 14e au cuml sur la grille, on est content c'est parfait, premier objectif atteint, la finale B (On ne sait jamais, on peut se retrouver dernier de la finale A et passer 4h à se faire tourner autour par des monstres).
Nos temps sont équivalent, donc l'équipage est homogène au moins, même si Dom et moi on a roulé à 4" de nos meilleurs chronos sur Carole, mais je sais qu'il y a encore des réglages sur ma moto qui semblent vraiment pas au point. Je ne sais pas ce qui cloche. Mais avec les Pirelli, dont je connais maintenant parfaitement le potentiel, je suis sûr au moins que c'est au niveau de la moto que ça pêche.
J'en parle avec un copain pistard de Carole qui passe devant le stand et là, la lumière fût! Il me donne un indice très important. En début de saison, lorsque je suis passé de Pirelli à Dunlop, j'étais tellement mal à l'aise avec les Dunlop que j'ai commencé à touché beaucoup aux réglages d'assiette et d'amortisseurs. Notamment pour retrouver un avant plus agile comme en Pirelli j'ai augmenté l'assiette de la moto pour la faire plus plongeante. Mon pote me dit que j'ai sans doute exagéré et que la moto manque maintenant de traction en sortie de courbe. En effet j'avais toujours été très bien dans la parabolique de Carole et là je me fais déposer par tout le monde. Je décide donc de modifier mes réglages illico, même si je ne peux pas les valider avant la course, c'est pas grave, j'en ai marre de me traîner aussi loin de mes chronos. on verra bien, je tente le coup.
Le Dimanche matin, on met en place notre stand de très bonne heure car la course finale B démarre à 8h30!!
C'est moi qui prend le départ et donc je vais devoir me lancer pour un relais d'une heure non stop, chose que je n'ai jamais fait avant. Je suis super motivé, j'essaies de me persuader que mon nouveau réglage d'amortisseur arrière est le bon et que je vais tout déchirer.
J'ai mon plan d'attaque en tête, faire un bon start et plonger à la corde à alpha, ensuite je sais où se trouvent les "raccourcis". Je mise sur le fait que c'est une course de 4 heures et que les pilotes seront plus prudent que dans une course de vitesse et qu'il y aura un truc à jouer au départ. Je sais aussi qu'il ne faut pas tout foutre en l'air dans les premiers virages mais je ne veux pas y penser.
Le départ se passe comme dans un rêve, un bon start, mon plan appliqué à la lettre, et j'arrive à Golf vers la 6 ou 7e place! cool en partant 14e, j'ai le sentiment d'avoir fait la première partie du boulot comme il faut, reste juste 4 heures de course :-).
Ce classement c'est du virtuel car comme nous roulons à "l'américaine" nous avons 2 tours de pénalité.
Le départ s'étant bien passé, maintenant j'essaie de m'installer dans un bon rythme, mais j'ai soudain un gros stress. L'embrayage cire à chaque relance, j'ai un mal fou à remettre les gaz et surtout comme j'y connais rien en mécanique j'ai peur de casser l'embrayage et que tout s'arrête là. Je suis dégouté et en plus impossible de communiquer avec les autres dans les stands, d'ailleurs c'est mon deuxième stress car je n'arrive pas à voir où se trouve le stand, je ne vois rien, ni panneautage, ni gestes, rien... j'ai un moment de panique. J'ai de plus en plus de mal à passer les vitesses, le sélecteur est super dur. La galère. Je regarde l'alfano et je constate que les chronos sont correct sans plus (1'13") mais pas si mal compte tenu des problèmes sur la moto. J'essaies de souffler, de me détendre et de reprendre le rythme. Au bout d'une demi-heure, je suis calme, les tours s'enchaînent dans des chronos réguliers autour de 1'12 c'est mieux, j'ai enfin repéré le stand et on m'affiche mon classement en twin, je suis 4e. L'embrayage continue de cirer mais je fais avec, on verra bien au moment du premier relais si quelqu'un trouve une solution. Je réalise à ce moment que mes nouveaux réglages sont bien meilleurs et je me sent du coup encore plus en confiance. Le panneau BOX apparait soudain, j'ai finit mon relais, je l'ai fait, une heure! c'est cool, le physique à tenu.

Lorsque je rentre au stand, à peine descendu de la moto que Dominique est déjà parti pour son relais. Mais dans ma tête ça bouillonne. Je me dis qu'il ne faut pas attendre pour être prêt. Si un problème surviens dans le relais de Dom il faut être prêt. j'invite les mécanos à faire le ravitaillement rapidement et je demande à Nadine si elle peut me trouver un bon mécano pour checker mon embrayage. Nadine me trouve la bonne personne qui règle le problème en 2 sec. Après ma chute du vendredi, en remontant le nouveau guidon, le cable n'a pas été vérifié et était beaucoup trop tendu. Problème réglé.
Le Plein est fait. Je suis prêt maintenant, je peux me détendre un peu. Et ben non!! Dom vient de perdre l'avant à Golf. Merde. Heureusement il se relève et relève la moto, mais ça prend un temps fou. On le voit galérer au loin sans pouvoir l'aider. Finalement il arrivera à rentrer au stand. Je repars aussitôt. Son relais n'a pas duré longtemps, environ une demi heure, mais l'essentiel c'est qu'on est toujours en course. On a perdu pas mal de places et on ne peut plus compter sur notre stratégie de longs relais d'une heure. Je pars sans savoir si Dom et sa moto sont OK. Va falloir bien checker le panneautage car à aprtir de cette chute toute notre startégie va être chamboullée.
Par contre, la moto marche bien, plus de problème d'embrayage, je retrouve aussitôt un feeling de fou et je vois s'afficher un joli 1'10" sur mon alfano et j'enchaîne tous mes tours dans les 1'11". C'est le pied, je retrouve enfin mon niveau. A ce moment de la course on est passé en 6e place des Twins, mais la remontée commence. Je double et je double à tour de bras, un vrais régal. Je ne sais pas contre qui je cours, qui est devant? qui est derrière? je roule et je ne m'occupe que du chronos, de la régularité et je me fais plaisir. J'ai retrouvé la confiance malgré ces chutes et ma jambe, tout ce passe au mieux.
Je m'aperçois alors qu'un pilote Ducati à qui je venais de faire un gros freinage, a chuté au cours du dépassement. En passant surt la ligne d'arrivée je peux voir les drapeaux jaune à Golf et lui qui est toujours allongé sur la piste à Golf. Aussi sec, le safetycar est de sortie. Je ne sais pas combien dura ce passage sous safetycar mais pour moi j'ai eu le sentiment qu'il durait des heures. Cela me permit de souffler un peu et d'opérer à un regroupement des pilotes avec la chance de faire un nouveau départ et surement quelques bons dépassements dans la foulée ;-)
La course reprend, notre remontée aussi et je m'amusais bien, lorsque un pilote plus lent m'embrouille à la sortie d'Hôtel et m'oblige à prendre les freins sur l'angle pour ne pas le percuter. Je croise les skis illico. Dommage. Par contre je n'ai rien et la moto n'a pas grand chose non plus. Je la redémarre et je m'engouffre aussitôt dans la voix des stands qui est juste là.
Dom a vu m'a chuté et il est prêt a repartir. Ce système d'équipage à deux motos a de réels avantages.


Je répare rapidement ma moto (levier, cale-pieds, comme d'hab avec les glissades). Mais on m'apprend que Dom s'est sans doute pété une clavicule en chutant et ils ne sont pas sûr qu'il puisse rouler très longtemps. Je suis prêt, la moto aussi. Les temps de Dom finissent par s'écrouler. C'est sûr, il doit déguster grave avec sa clavicule et peut-être a-t-il aussi un problème sur la moto. Il fait une petite demi-heure héroïque et grâce à son relais courageux, je peux finir la course sans aucun autre arrêt au stand. C'est la baston qui commence! Une nouvelle course qui démarre pour moi, une course d'une heure. On verra bien ce que je peux faire.
Je reprend aussitôt un très bon rythme, c'est sûr les gommes ne rendent plus de la même façon après 3 jours d'essais et deux heures de course, mais ca va encore, surtout que beaucoup de pilotes commencent à fatiguer, j'ai peut-être une chance. On est remonté 4e en Twin, on vise le podium maintenant, mais je ne connais pas l'écart. Depuis le début de la course je bénéficie de tous les encouragements de mon stand et cela vous pousse encore plus. Je peux voir Dom qui c'est joint à eux pour m'encourager. c'est cool. J'ai un peu peur qu'on finisse finalement bêtement au pied du podium.
La course se termine enfin. J'ai fais 3 heures sur les 4 heures en me donnant à fond de bout en bout, je me découvre une vrais passion pour l'endurance. On est poussé par l'adrénaline et on réussit à faire des chose qu'on pensait pas pouvoir faire.On est au pied du podium, 4e.
On est content d'avoir finit la course malgré tous ces problèmes, mais déçus de ne pas être sur le podium.

Lorsque l'organisateur appelle les équipages pour les podiums, on a la surprise, d'être appelé pour le podium Twin. L'équipage qui a gagné la course à été disqualifié pour Moto non-conforme à l'arrivée et nous voilà sur le podium tant désiré! Je suis un peu dégouté pour ceux qui sont bêtement disqualifié, mais nous n'y sommes pour rien, alors ne boudons pas notre plaisir car nous avons eu notre lot de galère!.
Je retiendrais de ce weekend, en premier lieu l'esprit d'équipe et l'importance des gens qui soutiennent et entourent les pilotes dans une course comme celle-ci.
La gentillesse et le dévouement de tous le monde dans notre petit team.
Le retour des bons réglages sur ma moto (humm quel pied!).
Ma condition physique qui m'a permit de m'éclater pendant toute la course sur la moto (l'an dernier j'étais rincé après 10 tours! le jogging hivernal a eu du bon!).
Je remercie Dominique de m'avoir pris avec lui et fait découvrir toutes ces belles émotions. On sera j'espère au départ l'an prochain!
Un grand bravo à Jim, autre pilote de notre team, qui a ramené un podium lui aussi en vitesse, tout le monde a assuré ! bravo à tous.
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